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CLAUDIA BB_

Ma chérie, 

 

J’aimerais revenir au début. 

 

Quand je te découvrais grande ourse. 

 

Toi et tes yeux qui fuyaient et parfois me clouaient sur place. 

Toi et tes mains fébriles dans les conversations mais sûres d’elles quand tu touches. 

Toi la beauté surgie dans mon dos qui me fige quelques secondes dans le fumoir quand je te rencontre pour la première fois,

Moi parlant fort comme je le fais quand je suis trop à l’aise. 

 

Il fait si chaud pour un début d’été et ta sueur qui me parvient me shoote déjà doucement. 

Dire oui, trop vite, de toute façon je suis trop cassée pour prévoir seule demain. 

 

Et ça c’était il y a combien de temps je sais plus car la temporalité s’est figée avec toi. 

Et j’ai toujours été nulle pour les dates. 

 

Si tu savais comme je brûle. 

 

Ce matin j’écris comme une conne face à une tempête. 

 

J’aimerais revenir au début. 

Refaire. Défaire

Dire des choses autrement, 

Parler de moi, poser les questions, faire « comme si ».

Différemment. Te prendre.

D’une autre façon. 

Refaire encore, pour essayer 

toutes les possibilités. 

 

De t’appartenir pour une dernière fois.

 

Tomber en amour,

               c’est rater une marcher

                                  d’escalier perpétuellement.

 

Toi c’est me vautrer tous les matin du haut de la gare Saint Charles. 

 

Des escalators de la  station Place des Fêtes

en sens inverse ou

De cette connasse de Butte Montmartre 

la tête en avant. 

 

Toi c’est les organes qui me restent dans la bouche et mon corps qui descend plus vite.

 

Putain que ça brule, 

je t’avais pas prévue.

Il y a une solitude de l'espace,

une solitude de la mer,

une solitude de la Mort,

Mais toutes sont société

Comparées à ce lieu plus profond, 

Cette intimité polaire 

D’une âme se visitant elle-même

Un soir de galère. 

AOÛT 21

« Merci et bonne journée »

 

Evidemment que la journée sera bonne, pauv’ conne. 

C’est troublant ce ciel tout bleu après ces murs trop blancs

J’ai mal au cul, j’y vois quedal

Mon pas est lent

 

La patte qui boite 

comme une pirate 

Et l’oeil qui gratte 

à s’éborgner

Les gens qui mattent 

avec pitié 

Baisses les yeux connards 

Y a rien à voir

Quelle heure il est ? 

Il fait tout noir, j’suis fatiguée 

 

Pour la première fois je t’entends

“2 millions de personnes dans le monde 

0,000285715484% de chances que ça tombe sur toi”

"Les chiffres ça ne ment pas. Un jour ça recommencera"

“Et la prochaine fois si c’est pas la vue ça sera quoi ? 

Ta voix?    

Tes jambes ?     

 Tes doigts ? 

"T'as gagné cette bataille, mais maintenant c'est la guerre qui t'attend"

Tu seras tout le temps fatiguée et tu ne pourras peut être plus marcher

 

“Je sais pas si j’aurais encore la force pour tout ça”

 

“C’est de ta vie entière que tu dois faire le deuil”

 

“Plutôt crever que de finir en fauteuil” 

Pourquoi ? 

Pourquoi maintenant ? 

Pourquoi MOI ? 

 

Tu parles si fort, je ne t’écoute pas. 

Je vis si fort mais je n’oublie pas. 

 

Tout m’effraie. 

 

Peu peu, j’entend la voix s'éloigner. 

 

Les pensées se font de plus en plus basses, 

Le souvenir des matins brumeux s’efface. 

 

La lumière renaît. 

L’orage est passé.

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